Mercredi 22 Juillet

Entrevennes-Andon

260km

Ce matin, le claquement des fers sur le chemin longeant la miellerie nous réveille gentiment. Car, ici, il fait tellement chaud la journée que les cavaliers préfèrent monter le matin quand les températures sont encore supportables et protègent ainsi également leurs montures. Et 2 surprises nous attendent à la sortie de la tente.

La première vraiment très agréable est olfactive. À peine sortis la tête de la porte, nos narines sont happées par des effluves sucrées de miel ou de lavande ou même des 2. Puis la 2ème surprise allie la vue et l'ouïe. Un vrombissement étourdissant vient en fond sonore et un tapis d'abeilles butinant jonche le tour du véhicule. Entre appréhension et émerveillement, nous hésitons à poser le pied au sol. Et pourtant, nous n'avons rien à craindre car elles sont bien inoffensives et bien trop affairées à faire le plein de pollen. Même lorsque nous sortons confiture et miel de lavande fraîchement acheté la veille pour notre petit-déjeuner, elles semblent nous ignorer. Nous quittons nos amies bourdonnantes pour nous rendre à Forcalquier, étape ajoutée par Didier, car il veut aller y rencontrer ses collègues de l'IGN.

Juste avant d'atteindre les locaux de formation des futurs géomètres, deux agents en faction avec gilet pare-balles et armes de poing nous intriguent. L'IGN se trouve juste la rue suivante et là, ce ne sont plus 2 mais une escouade de gendarmes armés stationnée devant le bâtiment nous barrant ainsi l'entrée. Did se stationne et tel un preux chevalier va au renseignement. On est bien devant l'IGN pourtant, pas le GIGN. Mais ça fout un peu les pétoches un tel accueil !  À la question de Did : "Il se passe quelque chose de particulier dans le coin ?", la réponse du gradé est : "Vous vous trouvez dans le périmètre protégé de la villa de Mr Castaner, donc vous n'allez pas pouvoir rester ici". Incroyable mais vrai, il fallait que ça tombe sur nous. Nous sommes tout de même autorisés à pénétrer sur le site de l'IGN, où la collègue de Did nous fera même une visite guidée des locaux. Franchement, l'établissement est vraiment bien situé, ils ne sont pas à plaindre les étudiants qui passent par ici. Nous ressortons en saluant poliment la garde rapprochée de Mr Ex le Ministre mais ne traînons pas. Une balle perdue, c'est vite arrivée !

Pour rejoindre la Route Napoléon, nous passons devant les impressionnants Pénitents de Mées. Il s'agit en fait de falaises dominant le village des Mées, avec une succession de concrétions rocheuses. Heureusement pour nous, le dernier effondrement de l'une d'entre elles date de Décembre dernier après de fortes intempéries. Miraculeusement, en s'effondrant sur 2 habitations, le rocher n'a fait que 2 blessés légers. On croise les doigts pour passer sans se faire écrabouiller et arriver sains et saufs à Dignes les Bains, qui sera pour finir une belle déception.

Notre guide du routard des roadtrips nous avait conseillé la visite de la vieille ville, mais nous avons franchement préféré Sisteron la veille. Puis, ce même guide nous envoie ensuite à Séranon pour découvrir le château. Zut alors, on vient de traverser le village sans même avoir vu la tourelle d'un château. Demi-tour, car ce n'est pas possible de l'avoir raté, sauf si le château est... en ruines ! Did se moque de moi, car effectivement, je n'avais pas bien lu les explications. On était bien passé devant, Did m'avait pourtant dit :"Tiens le voilà ton château !" en rigolant, et pour une fois, je dois reconnaître qu'il avait raison.

La traversée de Grasse fût bien pénible également, ruelles étroites, bouchons, travaux... Did commence à fatiguer de rouler depuis ce matin, car depuis les montagnes, je n'ose plus le relayer. Mais notre plus belle étape de la journée restera Mougins, le vieux village sur les hauteurs, repère d'artistes, dont le fameux Picasso qui y résida et y mourut même. Le dédale de ruelles où s'exposent peintures et sculptures nous permettent de faire une agréable pause avec la route un peu interminable pour le pauvre Didier.

Nous avons pris tellement d'avance sur notre road trip que nous ne sommes plus très loin de chez ma sœur. Ce qui nous vaut l'appel du beau-frère, étonné de ne pas nous voir chez lui ce soir. Bah, non, il nous reste 2 petits villages et surtout Gourdon à voir et cette nuit, il travaillait, donc on ne voulait pas le déranger ! Il nous propose de visiter Gourdon ensemble et de venir ce soir tout de même si on ne trouve pas de bivouac. Il est sympa quand même ce "bof" ! Et c'est ce que nous finirons par faire, après avoir tenté tout de même de trouver un emplacement pour la nuit près de la randonnée du Camp Romain du Rouret, qui en fait était un peu trop isolé à notre goût. En Norvège camping sauvage sécurisé, en France, mieux vaut être prudent !

Jeudi 23 Juillet

Les grottes de St Cézaire

Point de Vue

Panoramique de Cabris

Nous nous réveillons un peu plus tôt ce matin pour accueillir le courageux beau-frère de retour de sa nuit de travail. Il est vraiment phénoménal : il arrive avec les croissants frais. Andon est donc notre 2ème étape "famille". Le cadre y est à nouveau ressourçant : devant la maison de montagne de ma sœur, vue sur la chaîne massive du Pas de la Mulle, semble m'indiquer Google Map, et derrière, nous sommes abrités par une épaisse forêt de pin embaumante.

Afin de laisser le bosseur se reposer tranquillement, nous décidons d'explorer les environs. Problème : il fait chaud, trop chaud même ! Une grotte, en voilà une bonne idée pour se rafraîchir. Direction, Saint Cézaire pour se réfugier dans la fraîcheur souterraine. Évidemment, nous arrivons comme des touristes désorganisés et n'avons fait aucune réservation. Le jeune homme à l'accueil nous informe qu'il va nous falloir attendre 1heure pour pouvoir bénéficier de la prochaine visite guidée. Qu'à cela ne tienne ! J'ai vu sur internet qu'on pouvait découvrir le parc. "Le Parc Aventure !", me demande le gars avec un air étonné. Oui, le parc, pas le parcours accrobranche, ce n'est pas pour moi ce truc, trop dangereux ! "Effectivement, vous pouvez faire le parcours aventure, il y en a pour à peu près 45mn.", ajoute le type toujours un peu surpris par notre volonté d'y aller. Ce n'est qu'en franchissant la porte de départ du fameux parc dit "d'aventure" que je commence à comprendre : en fait, il s'agit d'un parcours découverte et énigme surtout pour les...enfants ! Il nous faut avancer et trouver les indices puis les lettres tout au long du chemin pour reconstituer un mot.

Qu'à cela ne tienne, nous avons gardé notre âme d'enfants et nous lançons dans le jeu. Nous trouvons facilement les 2 premières lettres mais doués que nous sommes, échouons lamentablement aux niveaux 3 et 4 ! On s'amuse donc comme des petits fous sans prêter attention à l'heure, lorsque Did me rappelle qu'on doit être à l'entrée de la grotte dans 5mn ! Du coup, nous finissons le parcours à la hâte et tant pis pour le mot à découvrir. Par contre, nous arrivons dégoulinant de sueur, pas top avant de pénétrer dans ces caves à 15°. La visite sera rafraîchissante, intéressante et légèrement dangereuse, surtout pour Did, qui devra toujours faire attention à sa tête pour passer sous les voûtes à 1,50m ou pour éviter de se cogner aux stalactites qui pendent au-dessus de nous. Quant à moi, il me faudra me méfier plus d'une fois de la chaussée glissante. Mais je m'améliore : aucune chute ni glissade à l'issue des 45minutes de déambulation jusqu'à 30 mètres sous terre.

Le retour à la chaleur écrasante aura raison de nos estomacs. Il est passé midi, mais aucune envie de manger par ce temps, ou quelque chose de frais, comme des fruits. Nous remontons rapidement en voiture pour bénéficier de la climatisation et choisissons le village de Cabris pour déguster 2 oranges bien fraîches et y trouver le panorama sur la vallée grassoise.

Nous flanons dans les ruelles et commençons à tourner en rond sans trouver les ruines du château qui devrait nous offrir ce panorama. Même Google Map se perd et n'arrive pas à nous y amener. Finalement, nous tomberons dessus par hasard et pourrons admirer la vue depuis l'esplanade.

La journée est loin d'être terminée mais nous choisissons de retourner à Andon pour essayer de trouver de l'ombre. Le beau-frère nous attendait de pied ferme pour nous faire la visite guidée du village. Zut ! Nous qui pensions pouvoir nous faire une petite pause, nous reprenons la balade à pieds.

Le village est assez petit, nous en faisons rapidement le tour, puis commençons à nous éloigner en prenant un petit chemin de terre. Il veut nous montrer la randonnée qu'il aimerait faire avec nous pour aller jusque Caille, le village voisin et faire l'ascension du Baou Roux. C'est pas un peu haut ! Je ne suis pas sûre que ce soit une activité pour nous, sportifs de bas niveau que nous sommes...

Sur le chemin du retour, nous récupèrerons quelques morceaux de bois pour alimenter notre BBQ de ce soir. Il faut la mériter sa pitance ici. Et pour finir, la nouvelle activité que va nous proposer cette fois-ci le beau-frère va obtenir l'approbation de Did : c'est le pré apéro ! Pour lever le coude, c'est sûr, il a un meilleur entraînement...

Vendredi 24 Juillet

L'Audibergue

Gourdon

Attention, ce matin, les randonneurs sont prêts pour l'ascension de L'Audibergue, station de ski, située à quelques kilomètres de la maison de ma soeur et qui culmine à 1600 mètres. La vue panoramique qu’offre le sommet du domaine skiable devrait y être époustouflante puisqu'elle embrasse la Côte d’Azur, les îles de Lérins, le littoral, le Var et les Alpes du Sud avec son imposant Massif du Mercantour. Et puis l'application Visorando nous explique que cette randonnée est de difficulté moyenne pour un parcours de 4,5km et que le dénivelé ne sera que d'à peine 300m... Ouf ! Ça a l'air plus réalisable que celle du Baou Roux sur Caille. (fiche technique et tracé GPX de la randonnée de l'Audibergue, cliquer ICI  )

Il est à peine 10h, et le soleil nous chauffe déjà sérieusement. Pas grave, le parcours doit nous emmener à travers la forêt de pins avant d'atteindre le sommet, donc nous pourrons profiter de l'ombrage naturel. Première erreur : ne jamais me laisser lire le GPX qui nous indique le chemin à suivre... Après le départ au téléski, que je trouve facilement, je nous emmène déjà dans un mauvais chemin. Olivier se moque et rejoint la piste de ski pendant que Did, pour me faire plaisir coupe à travers les branches et les rochers pour trouver MON chemin balisé. J'entraîne même ma sœur dans mes folies "randonnières", jusqu'à ce que Did nous conseille de rejoindre plutôt Olivier, le moins téméraire mais surtout le plus intelligent pour trouver une piste bien plus praticable que cet amoncellement de branchages compliqué à franchir. De toute façon, la piste skiable rattrape un peu plus haut le parcours initial. Oui, mais ce n'est plus MON chemin !

Puis la peur commence à m'étreindre : un rapace tournoie juste au-dessus de nos têtes. Qu'est-ce qu'il attend celui-là ? Se rassasier de ma vieille carcasse épuisée par cette ascension, se repaître de mes restes une fois morte de soif et desséchée par ce cagnard qui se délecte de me rôtir de ses rayons brûlants... Ah non, pas question ! De toute façon, s'il pique vers moi, il goûtera de mes bâtons de marche. Finalement, je n'aurai pas à combattre l'oiseau de proie, qui n'était absolument pas intéressé par moi mais par une espèce de vieille carcasse de mouton ainsi qu'un sabot de sanglier, abandonné ici et là par quelques loups ou chiens sauvages. Bah, c'est guère plus rassurant !

Puis, c'est un hélicoptère qui n'arrête pas de tournicoter juste au-dessus de nous, à croire qu'il n'attend que ça que je me vautre pour pouvoir m'héliporter. Le sommet se rapproche enfin, mais nous ne sommes toujours pas sur MON chemin. Ça commence à m'agacer, car je suis sure qu'on rate tout ce qu'on devrait pouvoir admirer de plus haut. Did essaie vainement de m'expliquer que le GPS n'est pas fiable à quelques mètres près et Olivier, pour céder à mes caprices me dit qu'il n'y a rien de plus sur l'arète mais qu'on peut les gravir ces quelques mètres qui me manque tant. Je lui emboîte le pas mais une nouvelle peur m'envahit ! MON chemin serpente sur la crête et le vertige me file une crise d'angoisse. Je deviens alors la risée de mon "beauf" que je serine depuis un moment pour retrouver MON chemin et que je ne peux même pas emprunter car tétanisée par le vide.

Je le voulais mon panorama, et bien je l'ai et je préfère m'en éloigner pour finir. Quelle indécise je fais ! Je me serai tout de même bien régaler de cette vue aussi prometteuse en vrai qu'en description. La descente aura eu raison de mon genou et de celui de ma frangine. On n'est pas sœur pour rien.

Retour à la maison, pause repas et temps de repos pour les 2 éclopées avant de reprendre la route pour la visite du typique petit village de Gourdon, qui fait tout de même partie de l'Association des Plus Beaux Villages de France. Accroché au sommet d'une falaise vertigineuse à 760 m d'altitude, ce "nid d'aigle" perché sur les rochers est un balcon ouvert sur les gorges du Loup et la Mediterranée.

Malheureusement pour nous, l'imposant château, entouré de jardins dessinés par Le Nôtre, est en restauration et la brume est tombée très rapidement pour nous empêcher d'apprécier pleinement les gorges du Loup. Nous apprécierons tout de même les maisons anciennes et les nombreuses boutiques artisanales.

Miraculeusement, alors que nous nous préparions à rentrer, le rideau blanc se lève soudainement et nous laisse enfin profiter du paysage. Quelle belle journée de découverte !

Et pour finir, rien de mieux qu'un petit tour chez Chichoun, petit restaurant local à Andon, pour se régaler d'un plat traditionnellement montagnard : les moules/frites. No comment !

Samedi 25 Juillet

Castellane

Saint Julien du Verdon

Le ventre bien repu de la veille par la dégustation des moules pour les uns et un hamburger pour moi, nous décidons d'opter pour un repas plus léger ce midi en embarquant un pique-nique que nous grignoterons sur les rives du Lac de Castillon. Mais, pour le mériter, nous commencerons par un nouveau pèlerinage jusqu'à Notre Dame du Roc à Castellane. Cet énorme éperon rocheux de 180 mètres de haut domine le village.

C'est vers ce point haut que la balade de normalement 45 minutes se dirige sur un sentier à lacets successifs. Et pour monter en haut de ce grand promontoire rocheux, on nous offre deux possibilités : le chemin qui monte tranquillement et longe les anciens remparts de la cité datant du moyen moyen-âge ou bien le sentier plus abrupt mais qui rejoint le premier vers la Tour Pentagonale, qui très originalement et comme son nom l'indique a 5 côtés. Nous optons tous pour le 1er chemin plus facile, non pas dans un soucis de me faciliter l'ascension mais parce que nous avons emmené les 2 chiens, bien sûr !

Tout le long de notre grimpette sur ce chemin de croix, nous comptons les oratoires qui nous rapprochent de la Chapelle. Nous accédons enfin au sommet au bout d'une heure de montée sur un chemin empierré à l'image des voies romaines où parfois des marches en pierre venaient ralentir notre marche. Logiquement, 45mn auraient dû suffire, mais encore une fois, la présence des chiens nous a retardés (mais non, pas moi !). À nouveau, le point de vue y est saisissant. On peut y admirer les sommets environnants ainsi qu'en contrebas la ville de Castellane. Enfin, pour tous ceux qui acceptent de s'approcher de la table d'orientation et du "trop petit" muret qui nous protège soi-disant de la chute possible de 900 mètres. Très peu pour moi. De toute façon, même collée contre les parois de la Chapelle Notre Dame du Lac, je le vois très bien le panorama sur le Verdon.

Pour la descente, nous choisissons l'itinéraire bis qui passe par les ruines de l'ancien village de Petra Castellana dont les vestiges sont millénaires, car le chemin principal déjà assez étroit commencent à se remplir de pèlerins. Cette fois-ci, les chiens et le beauf nous devancent pour pouvoir se rafraîchir dans la petite rivière où la voiture est garée avant de reprendre la route vers notre nouveau spot pour le pique-nique.

Spot qui sera vraiment idéal sur les rives du lac artificiel de Castillon. On osera même sortir l'auvent du Duster pour épater ceux qui sortent leur minuscule parasol. Le ventre plein, il nous reste 2 possibilités : la sieste ou la baignade. Il fait vraiment trop chaud pour la 1ère et la 2ème nous semble idéale pour nous rafraîchir.

Nous repartons dans les voitures direction Saint Julien du Verdon, notre dernière étape de la journée. Olivier nous dégote une petite plage sauvage autorisée aux animaux et à la baignade, ce qui fera le bonheur des 2 chiens et des 2 gars. Ma sœur et moi, moins courageuses ne tremperons que nos pieds jusqu'au genou. Encore une très belle journée de passée dans un cadre naturel magnifique. Vivement demain, car de nouvelles aventures nous attendent.

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